Le 7 octobre 2023, les forces armées palestiniennes ont lancé une offensive sans précédent sur Israël, tuant plus de 700 personnes, dont de nombreux civils. Le président américain, suivi d’une multitude d’autres voix d’autorités et de citoyens à travers le monde, ont déclaré qu’Israël avait « le droit de se défendre ». Cette déclaration trouve son sens face aux terribles images des victimes israéliennes de ces derniers jours en Israël, mais elle repose sur une vision décontextualisée du présent, et elle a ouvert la voie à une réaction de la part d’Israël contre la population de Gaza qui, elle aussi, se dessine comme sans précédent.
L’offensive palestinienne de ces derniers jours n’est pas le point de départ. Au début de cette année, l’armée israélienne a lancé une série de raids en Cisjordanie pour déjouer des attaques terroristes présumées. S’en est suivi une incessante succession d’affrontements entre Israéliens et Palestiniens entrainant la mort quotidienne de palestiniens et des milliers de blessés graves, pour la plupart civils. Des rapports détaillés de ces affrontements sont disponibles sur le site du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).
Ce regain de tension en 2023 ne peut lui-même pas être compris sans le placer dans son contexte. Sur les 27 millions de réfugiés dans le monde aujourd’hui, près d’un quart sont palestiniens selon les chiffres du Haut-Commissariat aux Réfugiés (UNHCR, 2022). Depuis la création d’Israël en 1948, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté près de 250 résolutions auxquelles s’ajoutent les centaines d’autres de l’Assemblée générale de l’ONU violées par Israël, que ce soit sur la question des réfugiés, le statut de Jérusalem ou la politique de colonisation qui ne fait que s’intensifier ces derniers temps, le nombre de colons dépassant les 700.000 en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Au-delà de la colonisation, de multiples rapports dont un d’experts de l’ONU et un autre d’Amnesty International, mais aussi l’ancien chef du Mossad Tamir Pardo affirment qu’Israël impose un régime d’apartheid aux Palestiniens: fragmentation territoriale, ségrégation et contrôle, dépossession des terres et des biens, déni des droits économiques et sociaux. L’apartheid est une violation du droit public international, une grave violation des droits humains garantis par le droit international, ainsi qu’un crime contre l’humanité en vertu du droit pénal international.
Le contexte spécifique de Gaza est lui aussi à prendre en compte pour comprendre le présent. Entre 2008 et septembre 2023, Gaza a subi 5 guerres ayant fait près de 6500 morts et plus de 150’000 blessés, en majorité civils, contre 300 morts côté israélien, en majorité militaires. Gaza subit depuis 15 ans les conséquences d’un blocus terrestre, maritime et aérien quasi-total. En 2015, l’ONU annonçait que Gaza serait totalement inhabitable en 2020. Aujourd’hui, 80% de la population, dont près de la moitié sont des mineurs, dépend de l’aide humanitaire. Un grand nombre de ces jeunes souffrent de handicaps physiques dus aux mutilations suite aux guerres, à des AVC ou d’autres troubles neurologiques ne touchant normalement pas les jeunes. Sur le plan de la santé mentale, un rapport de l’UNICEF annonce que 80% des enfants souffrent de troubles émotionnels (dépression, anxiété) contre 55% il y a 4 ans, et que plus de la moitié des jeunes songent au suicide.
La population de Gaza paye une nouvelle fois le prix fort des conséquences de ces 75 années d’accumulations de violations du droit international: aux bombardements massifs s’ajoute le siège complet de la bande de Gaza avec l’arrêt de l’approvisionnement en eau, en électricité et en gaz, tandis que l’Union européenne envisage de suspendre son aide au développement aux Palestiniens. La majorité des victimes sont et continueront d’être des civils, dont la moitié sont des enfants.
*Ils ont besoin de notre soutien, et de notre aide.*